L'Académie Bathory avait un charme qui lui était propre, elle était différente de toute autre académie, et de loin. L'espace d'un instant peut-être, l'Infant avait douté de sa patience à exercer le métier de professeur. Réussir les examens demandés est une chose, mais la pratique était bien différente, un peu plus encore lorsqu'on connaissait les penchants qu'il avait pour les corps et le sang. N'allait-il pas finir par perdre le peu de contrôle qu'il avait sur lui, à force de voir défiler sous ses yeux une quantité infernale d'humains ? Immobile devant les grilles immenses, Warren détaillait le bâtiment qui se présentait à lui tout en songeant sans dire mot. Mécaniquement, sa main droite vint se glisser dans la poche de son pantalon et ses doigts se saisirent alors du paquet de cigarette qui s'y trouvait. Un instant, le vampire posa son regard sur le paquet pour en extirper un bâton de nicotine qu'il amena à ses lèvres alors qu'il constatait, impuissant, au néant s'emparant progressivement de cette boite cartonnée. Derechef, les émeraudes du rouquin se posèrent sur la bâtisse tandis que machinalement, il rangeait son paquet pour sortir son briquet. Depuis combien de temps n'avait-il pas bu ne serait-ce qu'une petite goutte de sang ? Il ne le savait plus vraiment. Sans doute était-ce là une raison suffisante pour expliquer l'état calamiteux de son paquet de cigarette. En effet, Warren s'était épris de ce petit plaisir, s'il ne pouvait avoir de sang pendant un moment, la cigarette était une sorte de substitut bien que totalement différent. C'était étrange, et pourtant il ne pouvait l'expliquer... Cela avait au moins le don de l'apaiser un peu. Sa cigarette maintenant allumée, le vampire se décida enfin à pousser les grilles de l'Académie pour y pénétrer. Sans nul doute, le vampire avait eu raison de fumer pour se libérer l'esprit avant d'entrer véritablement dans le bâtiment. La suite de sa journée ne fut constituée que de règlements à lire et de papiers à signer. Une chambre lui fut attribuée et très rapidement, Warren se voyait installé... Sans compter que ses cours débutaient dès le lendemain, lui qui espérait profiter de la fin de la semaine sans avoir à se donner trop de mal...

Il régnait dans cette Académie une odeur insistante. Si la nicotine s'obstinait à imprégner ses vêtements, l'odeur des humains ne semblait vouloir quitter les lieux, sans aucun doute, il lui faudrait un certain temps d'adaptation pour qu'il puisse s'accommoder à cette toute nouvelle contrainte. Un autre détail offusqua le vampire : la chambre qui lui avait été désignée possédait deux lits. Il serait fatalement contraint de partager cette petite zone censée être plus ou moins intime. Ce détail qui, à ses yeux finalement, n'en était pas véritablement un, lui laissait entendre qu'il ne dormirait que très peu, cherchant à éviter au mieux la compagnie d'un colocataire plus ou moins agréable. Pour l'heure la question ne se posait toutefois pas, et ce fut sans grande peine que Warren s'endormit dans ce nouvel environnement. Sa journée commençait tôt le lendemain, mais le fait de ne pas dormir, ou de ne le faire que très peu lui était chose aisée : au fil des années il avait pris cette habitude, si bien qu'il ne lui fallait que quelques heures de sommeil pour être en plus ou moins bonne forme. Quoi qu'il en soit, il lui fallut bien son temps pour trouver de quoi il allait bien pouvoir parler à ses élèves. Par quoi se devait-il de commencer ? Et par-dessus tout, devrait-il se contenter de répéter sans cesse les mêmes paroles à des classes différentes ? Il était dans l'incapacité morale de réaliser pareille prouesse, tout du moins, la chose ne lui était pas recommandée si on voulait préserver les élèves d'une folie passagère qui sévirait en fin de journée. La lassitude le suivait déjà comme son ombre, il n'avait aucunement besoin qu'on l'aide sur ce point aux risques d'être assez rapidement rébarbatif. Il y avait au moins un avantage à tout cela : il vivait une toute nouvelle expérience. C'était peut-être un peu osé de sa part, sachant qu'il ne s'était jamais retrouvé séquestré entre quatre murs face à une multitude de sacs de sang, pour autant il avait tenté.

La journée passa bien plus vite qu'il ne l'avait pensé, nullement besoin de se répéter, les choses étaient pour le moins claires et Warren avait sa propre façon de faire son cours. Assis sur sa chaise, il expliquait puis dictait tout en restant immobile, à jouer avec une cigarette jusqu'à ce que la cloche sonne. Lorsque pareil évènement arrivait, les élèves disposaient d'une pause pendant laquelle il allait prendre l'air et s'embrumer l'esprit à l'extérieur. Pour l'instant, c'était une méthode qui portait ses fruits, et puisqu'une fenêtre se trouvait juste à côté de son bureau, il ne sentait pas encore vraiment les délicats parfums des élèves alors même qu'il entendait leurs cœurs palpiter. L'ultime sonnerie de la journée retentit sans qu'il ne se soit véritablement rendu compte des heures défilant, pour une fois, et c'est en prime, avec le sourire, que le vampire alla ouvrir la porte à ses élèves et les raccompagna à l'extérieur. Un instant, il resta à leur dire bonsoir tout en leur souhaitant une excellente soirée, mais bien vite le nombre d'élèves le dissuada de continuer et c'est sans dire un mot de plus qu'il retourna à son bureau, rangeant progressivement ses affaires après avoir glissé pour la énième fois de la journée, une cigarette entre ses lèvres. Cette fois, pourtant, ses plans furent mis à mal, ou tout au moins, retardés, pour l'heure. Alors que sa pochette était maintenant refermée, une nouvelle demoiselle se présentait à lui. L'espace d'un instant, Warren parvint à se convaincre qu'il s'agissait d'une élève souhaitant davantage de précisions sur l'un de ses cours. Bien vite pourtant, cette idée sortit de l'esprit du vampire lorsque la belle brune lui adressa un sourire qu'il aurait volontiers qualifié de charmant, mais avant tout charmeur, se présentant comme étant une collègue. Collègues ? Mais la demoiselle que le vampire avait actuellement face à lui n'avait rien d'un professeur. Alors qu'elle décroisait les bras, laissant ainsi apparaître un décolleté plongeant, Warren se mettait à étudier brièvement sa tenue. Sans doute était-elle proche de ses élèves. Tout du moins c'est l'impression qu'il avait en voyant son attitude vis-à-vis de lui d'une part, et sa tenue d'autre part.

Attentif, le rouquin plongea de nouveau son regard dans celui de la demoiselle se présentant sous le nom de Sybiline. Un prénom qui lui allait à ravir, mais qu'importe la façon dont on la nommait, au fond, actuellement, Warren se complaisait à se perdre dans l'océan assombri de ses yeux. Si son regard avait quelque chose d'écrasant, le vampire ne pouvait s'empêcher d'y trouver un charme certain. Et il eut presque du mal à retrouver le fil de ses idées alors qu'elle lui parlait toujours. Professeur de Théâtre. Hn. Voilà un personnage qui s'annonçait intéressant. Si elle enseignait cette matière, sans doute était-elle excellente comédienne, par conséquent, celle qu'elle était devant lui, en ce moment même... Qui était-elle ? La vraie Sybiline, ou l'un des personnages qu'elle était sans nul doute capable de s'inventer ? Lorsque la demoiselle eut terminé les présentations, le rouquin se résolut à ôter la barre de nicotine de ses lèvres pour la poser sur le bureau. Gracieusement, il fit face à sa collègue et s'inclina sensiblement pour la saluer, alors Warren prit un malin plaisir à l'observer au travers de ses mèches rousses, s'attardant encore et toujours sur son regard figé. Un sourire étira ses lèvres et en un murmure suave, comme il avait l'habitude de le faire, l'Infant prit la parole.

" Warren Darvulia. Enchanté, mademoiselle Len ; le vampire se redressa alors avant de glisser ses mains dans ses poches, puis il reprit ; Il est normal que nous ne nous soyons pas encore croisés, et pour cause : je suis arrivé hier seulement. Bien, que me vaut l'honneur de votre visite, mademoiselle ? "

A n'en pas douter, il se dégageait de cette jeune femme quelque chose d'inhabituel. Quelque chose de plus ; quelque chose que les autres humains n'avaient pas. Une sorte d'impression différente, réveillant en lui quelque instinct enfoui ; sans doute le sang-pur de sa mère qui s'agitait encore à l'approche d'un congénère. Était-elle seulement comme lui, derrière sa tenue atypique et son air sombre et provoquant ? De par sa simple apparence, Warren restait perplexe quant aux perspectives pouvant les relier l'un et l'autre. Certes, son joli minois était bien plus qu'agréable à regarder, mais au-delà de cela... Si son caractère se rattachait un tant soit peu à sa tenue vestimentaire, alors le premier mot lui venant à l'esprit était " explosif ". Il n'avait rien contre ce type de tempérament, mais le simple fait d'imaginer une éventuelle relation, pour lui qui aimait à rester au calme... Qu'importe, au fond ? Il était là pour tester de nouvelles expériences alors pourquoi pas cela ? Pour le moment, l'Infant se contentait d'attendre une réponse de la part de son interlocutrice, réponse qui le satisferait plus ou moins car, quoi qu'elle fasse, il ne pourrait s'empêcher de penser qu'elle ne jouait là qu'un rôle, endossant la personnalité et les habitudes d'une œuvre de fiction à laquelle elle est sans doute plus ou moins attachée.

Si Warren se complaisait à se heurter au regard ténébreux de la belle brune, il semblait au moins que ce sentiment soit partagé puisqu'elle ne souhaitait pas, semble-t-il, détourner ses beaux yeux des émeraudes de l'Infant. Qu'importe, cela l'arrangeait bien en l'occurrence, il pouvait ainsi profiter plus longtemps de ce regard envoûtant. Néanmoins, ce divin spectacle prit fin de par la volonté de sa collègue : elle se pencha sensiblement vers lui afin de récupérer la cigarette qu'il venait de poser sur le bois frais du bureau, puis elle le contourna en se dirigeant vers une fenêtre. Si l'expression du vampire s'était montrée somme toute banale jusqu'à maintenant, en la voyant faire, il n'avait pu s'empêcher de plisser sensiblement les yeux. Le fait qu'elle le contourne l'obligea à pivoter quelque peu sur lui-même, juste ce qu'il fallait pour qu'il puisse la guetter du coin de l'œil. Avarice. Pourquoi lui avait-elle ainsi volé cette barre de nicotine si précieuse à ses yeux ? Ils avaient beau être collègues, cela ne voulait nullement dire qu'il consentait à lui filer une clope pour la "dépanner" comme on entend souvent. Warren se décida à se tourner un peu plus vers elle encore, quand bien même son expression n'avait pas réellement changé, le scepticisme demeurant. Elle ouvrit une des fenêtres de la salle avant de s'assoir gracieusement sur le rebord. En de pareils moments - volontiers qualifiés de " crise " par Warren puisque la vie de l'une de ses cigarettes en dépendait -, la séduction n'avait pas réellement sa place. Qu'elle croise ainsi les jambes et cherche peut-être inconsciemment à l'aguicher demeurait pure perte de temps. Non, pas après lui avoir volé un bien aussi précieux. Lorsqu'elle sortit un zippo, le vampire eut un certain mal à étouffer un soupir naissant en son thorax. Il se força également à reprendre une expression plus banale pour lui, s'approchant de l'indifférence. Pourtant, si elle avait en sa possession un zippo, il y avait de fortes chances pour que la demoiselle fume également, ce qui, alors, laissait entendre l'éventuelle utilisation qu'elle allait faire de cette cigarette.

La flamme embrasa la barre de nicotine alors que Warren tentait tant bien que mal de rester impassible. Pour autant, la suite des évènements changea du tout au tout et cela lui permit de se détendre un peu. Elle se contenta de tirer une bouffée, juste ce qu'il fallait pour allumer la cigarette, et une fois chose faite, elle s'en saisit entre ses doigts fins avant de la lui présenter une nouvelle fois... Aurait-elle fait tout ce manège dans le seul et unique but de le ménager, et de l'avancer ? Si un sourire étira les lèvres du vampire en guise de remerciement, il n'était pas dupe pour autant. A quoi bon faire tout cela si elle n'avait pas quelque chose dans l'idée ? La question demeurant était donc, maintenant : qu'avait-elle en tête ? La chose en question lui paraissait difficile à déterminer sachant qu'il ne la connaissait que depuis cinq minutes, et encore. Ce qu'il savait d'elle se résumait à son prénom, son nom, sa fonction ainsi que ce qui était visible ; rien de bien utile en somme. Elle avait un beau sourire à son adresse, mais aussi beau soit-il, ce dernier avait toujours certaine tendance à s'étirer en coin et prendre une toute autre allure. Elle pourrait passer pour une innocente si on faisait abstraction de sa tenue, et s'il n'y avait pas ce sourire accroché éternellement à ses lèvres. Nouvelle prise de parole de sa part, et Warren fit cette fois un effort pour être un peu plus attentif qu'il ne l'avait été précédemment. Chose plutôt aisée puisque cette fois-ci, son regard était posé sur la cigarette se consumant lentement devant lui sans qu'il ne soit à l'origine de cette mort lente. En effet, en tant que collègue, il était sans doute de mise de faire connaissance. Toutefois, rester inconnu était synonyme de tranquillité, par conséquent si Warren avait le choix, il choisissait sans nul doute de demeurer dans l'anonymat. En effet, faire connaissance avec elle ne le dérangeait pas plus que cela, il ne perdait pas son temps en si charmante compagnie... Mais, l'Infant avait quelques doutes quant aux autres collègues : sans doute n'y avait-il pas que des femmes, et quand bien même ce serait le cas, elles ne devaient pas toutes avoir ce petit grain de charme que Sybiline avait.

Une visite de la bâtisse et de ses alentours était loin d'être nécessaire, alors même qu'elle était proposée si gentiment. En effet, tout ce qui intéressait Warren était déjà parfaitement situé : l'extérieur afin de pouvoir fumer ; l'emplacement de sa salle de cours afin d'exercer ses fonctions ; et enfin le lieu où se tenait sa chambre, nécessaire pour y retrouver certaines de ses affaires et se reposer un tant soit peu. La proposition n'aurait jamais été formulée, sans doute, si elle avait connu l'Infant au préalable. Il n'était pas dans ses habitudes de souhaiter s'intégrer, bien au contraire, plus il était loin d'une structure groupée et hiérarchisée, mieux il se portait. Un peu plus encore s'il lui était donné l'occasion d'observer tout ce petit monde sans pour autant prendre part à leurs activités, aussi diverses soient-elles. Warren se décida finalement à la rejoindre et il se saisit de la cigarette qu'elle tenait toujours, en la gratifiant d'un simple regard, alors qu'il glissait sensuellement la clope entre ses lèvres à peine entrouvertes. Son regard se porta alors sur le paysage que lui offrait la fenêtre, et ce fut une excellente chose, aussi bien pour l'un que pour l'autre. En effet, cela permit d'éviter à Warren de laisser passer une expression désagréable au travers de ses yeux, et Sybiline n'eut, par voie de conséquence, pas à supporter ladite expression. Rien de bien méchant, un phénomène minime à dire vrai. Mais la cascade de questions qu'elle posa eut pour effet de faire vibrer la pupille du vampire. Si la première de toutes ces questions demeurait purement inutile, les autres étaient bel et bien fondées et elles attendaient une réponse toute aussi précise au moins. Au moins, car si le rouquin pouvait s'égarer dans des propos divers, permettant ainsi à sa collègue d'en apprendre un peu plus encore, alors la demoiselle aux cheveux d'ébène ne se plaindrait nullement. Curieuse, semble-t-il. Dommage qu'elle ait choisi Warren pour poser ces questions ; lui n'était pas du genre à apprécier de tels interrogatoires, la plupart du temps il répondait par une autre question ou se contentait simplement de les ignorer. Ici, il hésitait encore quant à la voie à suivre.

Non seulement elle s'aventurait à poser des questions, mais en plus elle s'imposait à lui, purement et simplement. Il n'avait rien à faire, et heureusement pour lui, sinon sa soirée se verrait quelque peu bousculée. Néanmoins, le vampire commençait à se faire une idée du genre de personne qu'il avait face à lui. Sans doute ne valait-elle pas mieux que lui : l'égoïsme devait la ronger, voilà un nouveau point commun. La belle étira une nouvelle fois ses lèvres en un beau sourire mêlant sensualité et sous-entendus ; sourire qui n'eut pour seule réponse qu'un bref regard. Serrant un peu plus la cigarette entre ses lèvres, le vampire se hissa sur le rebord de la fenêtre sur lequel Sybiline se trouvait déjà, et c'est silencieusement qu'il s'installa. Warren appuya son dos contre le mur, il laissa sa jambe gauche ballante dans la classe et posa son pied droit sur le rebord de la fenêtre, à la limite du vide alors que sa jambe était repliée. Un moment encore il se perdit dans les yeux bleus de sa collègue avant de déporter son attention à l'extérieur, tandis que sa main gauche venait se saisir de la cigarette machinalement. L'Infant souffla lascivement un nuage de fumée dans l'air alors qu'il appuyait son coude sur son genoux, bien vite son regard vint à se poser sur la cigarette et il l'observa se consumer passivement. Ce n'est qu'après quelques minutes encore qu'il se décida enfin à formuler une ébauche de réponse, laissant entendre sa voix si particulière.

" Savoir d'où je viens et les raisons pour lesquelles je me trouve maintenant ici ne vous avancera pas à grand chose... Par conséquent vous n'entendrez pas ma voix plus qu'il n'est nécessaire. "

Après tout, il ne faut pas abuser des bonnes choses. Encore que la règle ne s'appliquait pas vraiment aux vampires ; pour eux c'était l'inverse, plus les choses étaient agréables et plus il fallait en profiter. Tout dépendait le point de vue, bien entendu. Quoi qu'il en soit, Sybiline n'était pas tombée sur la meilleure personne si elle souhaitait parler inutilement, de choses et d'autres, du passé, et de l'avenir. Peut-être n'avait-il pas répondu à ces questions parce qu'elles étaient justement trop précises, et qu'elles entraînaient une réponse ciblée, bien trop longue aux yeux de Warren. Sans compter, naturellement, que la réponse à ces questions en entraîneraient de nouvelles sans qu'il ne puisse rien y gagner si ce n'est la perte d'un temps qui lui était précieux, même s'il disposait plus ou moins de l'éternité. C'est le regard plus ou moins vide et totalement las que l'Infant retourna à sa contemplation du paysage, portant derechef la cigarette à ses lèvres et profitant ainsi du seul plaisir qui lui semblait être octroyé dans cette académie. Encore que : il n'était pas censé pouvoir fumer dans les locaux.

[Il me va très bien à mwa ]

Alors qu'il venait tout juste de parler, un sourire avait étiré les lèvres de sa collègue. La voix du vampire était-elle à ce point délectable ? Un murmure suave peut paraître sensuel, pour autant, si les mots ne s'y prêtent pas, l'effet demeure relativement minime. Qu'importe. Warren avait pour habitude de s'attacher aux détails plus qu'à ce qui était apparent, on en apprenait beaucoup plus en étudiant et regroupant les petites choses qu'en observant de loin le reste, visible par tous. Si, au fil des secondes s'égrainant, il apprenait encore et toujours un peu plus sur elle, il y avait un point qui demeurait obscure : était-elle elle-même vis-à-vis de lui ? Sans doute n'obtiendrait-il jamais de réponse à cela, à moins qu'un lien anormalement puissant ne se crée entre les deux. Une amitié inébranlable. Non. pareil sentiment n'était pas à la portée de l'Infant, c'était bien trop lui demander que d'éprouver quoi que ce soit de positif vis-à-vis d'une personne donnée. Alors qu'il avait le regard braqué sur le paysage et les pensées bien loin de sa salle de cours, un froissement de vêtements l'incita à revenir bien vite à la réalité. Les émeraudes du vampire pivotèrent alors et se heurtèrent aux pupilles envoûtantes de sa collègue. Elle s'était approchée considérablement, et si Warren la voyait déjà de bien trop près, Sybiline n'avait pas dans l'idée de s'arrêter là. Sensiblement penchée sur lui, ses beaux yeux ne restèrent pas figés longtemps dans les siens, et sans qu'il n'ait le temps de s'en rendre compte, elle avait déjà niché son visage dans son cou.

Si le sourire qu'elle arborait quasi en permanence pouvait passer pour charmant aux premiers abords, Warren s'en voyait déjà las et il n'avait qu'une envie : déchirer ce joli minois pour ne plus voir cet insolent rictus. Sentir son souffle dans son cou était désagréable. Que venait-elle faire si près de son cou ? Sentir le parfum qu'il portait : quel intérêt ? Quand bien même l'odeur de la cigarette embaumait son air, Warren parvint à percevoir un détail anormal. Aucune odeur ne se dégageait du corps de la demoiselle si ce n'est son parfum purement superficiel. Aucune odeur, pas même un brin d'humanité demeurant... Vampire. Ce constat n'eut pas pour effet de le calmer. Étant vampire, mordue ou de sang-pur, qu'importait, que venait-elle faire si près de sa jugulaire ? Les mâchoires du vampire se resserrèrent et il claqua sa langue au palais en signe de mécontentement. Sybiline s'écarta lentement de lui sans pour autant reprendre sa place originelle. Longuement, alors qu'un silence parfait régnait dans la pièce comme si le temps venait de s'arrêter, elle le fixa. Elle le fixa, gardant ce sourire encore et toujours. Finalement, sa voix s'éleva, annonçant un constat qui déplut au vampire. Infant, en effet, et alors ? Cela ne lui donnait aucun droit sur sa personne, qu'importe son statut. Warren avait brièvement entendu dire que, si ce n'est les Bathory, aucun sang pur ne fréquentait pour le moment cette académie. Puisqu'elle se disait être Sybiline Len, le vampire partait du principe qu'elle était une Mordue. Pour autant, il restait méfiant car il n'oubliait pas qu'elle était avant tout comédienne. Il pesta intérieurement, sans nul doute cette Sybiline allait être intéressante à étudier, mais la chose allait être complexe également... Il y avait au moins un avantage à cela : elle allait l'occuper plus de temps que la plupart des autres femmes qu'il avait pu fréquenter jusque là.

Se reculant encore, la belle finit par reprendre sa position initiale et elle compléta ses propos. Un corps plus explicite et coopératif. Sans nul doute, et bien des fois ce fâcheux détail l'avait agacé. Une part humaine coulait dans ses veines, souillant le sang pur de sa mère et il ne pouvait rien y faire. Au fond, quand bien même il était aux yeux de sa mère, "l'enfant prodige", peut-être aurait-il mieux valut qu'elle lui tranche la tête comme elle l'avait fait avec les autres. Le sourire de Sybiline s'élargit un peu plus, dévoilant partiellement ses canines. Si un doutes avait subsisté, alors maintenant Warren pouvait être certain de sa nature. Cela leur faisait un point commun supplémentaire. L'oubliant un instant, sa collègue glissa ses mains fines dans ses cheveux et les ramena sur l'une de ses épaules. Ce geste n'eut pas pour effet d'inciter l'Infant à fixer ses doigts traversant sans difficulté les fines mèches brunes, bien au contraire, le vampire voyait son regard posé à l'opposé des cheveux bruns. Ses émeraudes étaient maintenant figées sur le cou qu'elle venait tout juste de dévoiler. Un cou fin, aussi blanc que le marbre, affreusement tentant et qui n'attendait sûrement que ses crocs pour s'y planter. Plus calme que sa congénère cependant, il s'abstint bien de se pencher sur elle pour se délecter de son parfum ou pour palper seulement la vitesse à laquelle son sang parcourait ses veines. Sans qu'elle ne s'en rende compte, elle mit fin à la rêvasserie de Warren en descendant du rebord. Ceci permit à l'Infant de reporter son attention sur sa cigarette, presque entièrement consumée maintenant, lui arrachant un bref soupir.

Tandis que l'Infant écrasait sa cigarette sur le rebord de la fenêtre, Sybiline semblait s'être tournée en sa direction, impression qui se confirma lorsqu'il porta son regard sur elle. Elle reprit alors la parole et poursuivit la phrase qui avait précédé, posant une énième, question au grand dam de Warren. Quelque chose de l'Infant qui pourrait bien lui servir ? Très bonne question, à dire vrai il n'en avait aucune idée. Ses origines, son caractère... Ce genre de choses étaient inutiles à ses yeux. Encore que, pour ce qui était du caractère, il lui serait sans doute possible de le découvrir au fil des rencontres. Alors qu'ils ne s'étaient rencontrés que depuis peu, Sybiline savait déjà que le vampire était détaché, loin de tout et presque insensible à tout ce qui pouvait bien se passer autour de lui. Elle savait de lui qu'il était un Infant, elle savait de lui qu'il avait une voix peu ordinaire et envoûtante. Le reste demeurait physique ou purement optionnel : nul intérêt. Las comme il était, il aurait très bien pu répondre "Rien.", mais sans doute paraîtrait-il alors pour un asocial si ce n'était pas déjà le cas. Un nouveau soupir s'extirpant de ses lèvres vint déchirer le silence maintenant revenu, alors que Warren jetait son mégot par la fenêtre. Peu après et bien plus rapidement que ce qu'il avait pu faire au préalable, l'Infant se décida à apporter une ébauche de réponse, lui laissant entendre son grain de voix une nouvelle fois.

" Excellente question. Je vais m'essayer à la coopération, mais la chose est délicate... "

Il y avait autre chose de gênant dans ces questions incessantes. En quoi avoir une réponse est-il satisfaisant ? Le mystère qui plane sur chaque personne et qui se voit plus ou moins pesant, n'est-il pas plus agréable à démêler au fil du temps ? Certes, les choses ne se font pas dans l'immédiat mais les actes ont au moins l'avantage de ne pas mentir par rapport aux mots. Lorsque Warren posait une question, la plupart du temps, celle-ci était rhétorique ; s'il n'aimait pas répondre aux questions qui lui étaient posées, il n'appréciait pas non plus le fait de devoir en poser. Lascivement, le vampire se redressa, se mettant accroupi sur le rebord de la fenêtre avant de se redresser un peu plus en s'appuyant sur l'un des murs. Warren se retrouva au sol rapidement et il prit soin de refermer la fenêtre que Sybiline avait ouverte plus tôt, avant de passer à ses côtés pour rejoindre son bureau. Peut-être devait-il se montrer plus agréable alors même que ce n'était pas dans ses habitudes. Aux premiers abords, il s'était montré charmant : distingué, poli... Mais la multitude de question l'avait un tant soit peu refroidi. Il n'avait plus qu'à espérer que tous n'aient pas la même idée que sa collègue aux cheveux d'ébène. Si demander l'origine du nouvel arrivant et la raison de sa venue était une sorte de protocole, alors l'Infant allait vite y mettre fin et allait avoir une des réputations les plus désagréables possibles. Warren étouffa un nouveau soupir et il prit place sur son bureau, reportant son regard sur sa collègue.

" Peut-être devriez-vous savoir que je n'aime pas partager mon sang lorsque l'échange n'est qu'unilatéral. Peut-être devriez-vous également savoir que je n'aime pas les questions. "

Un sourire charmeur étira les lèvres du vampire alors qu'il repliait sa jambe droite, posant son pieds sur sa cuisse gauche tout en appuyant ses mains sur l'arrière du bureau. Bien qu'il ait été plus que froid et réticent auparavant en ce qui concernait les réponses à apporter aux interrogations de la demoiselle, le vampire s'attarda à poser une seule et unique question ; peut-être aurait-elle la gentillesse de lui répondre, sait-on jamais.

" Et y a-t-il des choses que je me dois de savoir à votre sujet, si ce n'est votre curiosité, Sybiline ? "

Depuis un certain temps maintenant, Sybiline n'avait pas détourné les yeux de Warren et c'est toujours en le fixant que ses lèvres s'étaient sensiblement étirées au son de sa voix. Était-elle aussi plaisante que cela ? Si au fil des années, des siècles durant, on l'avait complimenté sur la grâce de son regard, la finesse de ses traits ou encore la beauté de son visage, tout simplement ; il était forcé de constater que jamais sa voix n'avait fait l'objet de tant d'attentions. Certes, il était bien plus agréable d'entendre quelqu'un murmurer plutôt que quelqu'un qui n'a pour seul moyen de communication que le hurlement. Par ailleurs, le murmure avait pour effet d'attirer toute l'attention, en effet, puisqu'il est faible, il est recommandé d'y être tout particulièrement attentif. Bref, Sybiline avait trouvé que ce côté de l'Infant était intéressant ; aux yeux de Warren, ce n'était pas là sa meilleure et principale qualité... Quand bien même on l'interrogerait à ce sujet, il n'aurait aucune réponse à apporter. Sa plus grande qualité ? Peut-être bien le mutisme, mais dans son cas, c'était à la fois une qualité et un défaut.

Une fois qu'il eut posé une question à son tour, l'attitude de sa collègue changea sensiblement. Une chose demeura : son regard. Ses yeux d'un bleu océanique demeurèrent ancrés dans les pupilles émeraudes de l'Infant. Pourtant, le sourire en coin qu'elle avait pour habitude d'avoir prit fin, et c'est un tout autre rictus qui se montra alors. Plus simple, plus délicat et sous-entendant bien moins de choses. Avec ce sourire, la belle perdait de cette malice infâme qui semblait la ronger. Peut-être était-elle elle-même à cet instant précis, peut-être ne jouait-elle aucun personnage, peut-être s'était-elle dévoilée une fraction de seconde. Tout cela n'était pourtant que pure supposition, et on ne fonde rien sur de vulgaires suppositions. Ainsi, ce sourire ne demeura que brièvement accroché à ses lèvres, mais il eut au moins le mérite d'attirer l'attention du vampire sur lui, chose qui en soi, était remarquable. A son tour, alors, Sybiline se décida à parler afin d'apporter une réponse à la question que Warren avait posé plus tôt. Encore que, elle ne fit qu'annoncer la venue d'une réponse, sans doute avait-elle besoin de réfléchir encore un peu. Dans ce genre de situation, les personnes pouvaient être confrontées à deux types de problèmes. Certains ne savaient strictement quoi dire et il leur était impossible d'apporter une réponse immédiate tant la question était difficile. D'autres, au contraire, avaient bien trop de choses à dire et ils se devaient de faire le tri afin de garder un semblant d'intérêt par la suite, afin de ne pas se dévoiler entièrement.

A l'annonce qu'elle fit, Warren ne put donc qu'acquiescer. Oui, il désirait mieux la connaître sur ce point au moins, afin de ne pas faire une erreur qui lui vaudrait plus qu'une relation tendue entre collègues. Le vampire avait formulé cette question pour cette raison, mais peut-être aussi par politesse. Oui, quelque part, il était curieux d'apprendre d'elle, si tant est qu'elle puisse lui apprendre quelque chose, mais d'un autre côté, il aimait à apprendre par lui-même également, à observer et à faire des déductions à partir de cela. Elle s'était intéressée à lui, il pouvait bien en faire de même pendant quelques instants, la chose ne lui était pas excessivement fatigante, après tout. Lentement et à la manière d'un félin, la belle s'approcha de lui et finit par prendre place sur le bureau à son tour, sans le quitter des yeux et sans qu'il ne fasse de même. Croisant les jambes sensuellement, elle reprit alors la réponse qu'elle avait entamé un peu plus tôt, éclairant ainsi Warren sur ce qu'il devait faire ou non, au moins en partie.

La réponse était de l'ordre de celle qu'il lui avait donné un peu plus tôt. Elle n'aimait pas qu'on prenne son sang, voilà un point commun entre eux deux. La nouvelle question était maintenant de savoir si la demoiselle faisait application de l'adage " Ne fais pas à ton prochain ce que tu n'aimerais pas que l'on te fasse ". En ce qui concernait Warren, cet adage lui était inconnu, et il s'arrangeait toujours pour ne pas subir ce qu'il venait de réaliser. Le sang de sa collègue le tentait indubitablement, mais il savait également se tenir et résister devant le sang, fort heureusement pour lui. Jusqu'à une certaine mesure cependant, dans l'état actuel des choses, son éventuelle résistance était mise à mal puisqu'il ne s'était pas nourri depuis un moment déjà. La suite de la phrase intrigua cependant le vampire. Le sang de la belle appartenait déjà à quelqu'un ? Mais à qui donc. Voilà qui titillait sa curiosité. Sans nul doute, la demoiselle saurait se montrer intéressante, et elle ne s'était pas entièrement dévoilée puisque le nom au moins de cette personne demeurait inconnu. Elle jouait le jeu à merveille, mais sans doute était-ce normal pour un professeur de théâtre.

La suite des propos de sa collègue résonnèrent cependant différemment à son oreille. La découverte des corps était une chose qui l'intéressait ? Quelque part, cette phrase sonnait comme une provocation... Ou une invitation. En effet, il pouvait le prendre comme il le voulait, mais quand bien même cette phrase était pour le moins directe tout en restant remarquablement bien tournée, Warren demeurait perplexe. Il n'était pas de ceux qui se laissaient si facilement embobiner pour un battement de cil. Certes, sa collègue était charmante, et sans nul doute, il prendrait grand plaisir à la connaître plus amplement. Pourtant, si renoncer à "la découverte des corps" pouvait lui apporter son sang au moins une fois, alors l'Infant n'hésiterait pas un seul instant. Les pêchés l'habitaient, c'était indéniable, pour autant la gourmandise passait avant la luxure. A dire vrai, la gourmandise était le pêché qui le rongeait le plus ; l'envie de goûter au sang et le vœu de ne jamais mettre fin à la délectation lorsque l'autorisation de mordre était donnée. Si d'ordinaire, Warren a une volonté sans faille, ou presque, dans de pareils moments, elle l'abandonnait purement et simplement et il n'avait alors plus que quelques procédés fortement limités pour cesser de se nourrir dans l'excès.

Bref. Ces mots plein de sous-entendus prononcés, le sourire en coin de la belle revint alors à la charge, et il s'élargit en prime. Bien évidemment, la situation actuelle l'amusait et Warren ne put que lui rendre son sourire, un sourire qui pourtant se voulait bien moins vil que le sien. Un sourire presque innocent, un sourire éternellement figé sur son visage et le seul sourire qui lui était donné d'avoir. Au fond, Warren était sans doute aussi amusé que Sybiline, peut-être le prenait-elle pour une personne qu'il n'était pas, mais peu lui importait, il n'avait que faire de l'image que les autres avaient de lui, tant que cela ne l'empêchait pas de vivre sa vie telle qu'il l'entend. L'Infant pensait qu'après cela, sa collègue en avait fini, mais ce ne fut pas le cas et elle poursuivit une nouvelle fois, lui offrant un aveu par la même occasion. Ainsi, la perspective de rester un peu plus longtemps en compagnie du vampire ne la dérangeait pas, cela lui plairait même. Intéressant, le charme du rouquin avait-il déjà opéré ? Peut-être bien, à moins que la curiosité ne fasse que guider les faits et gestes de Sybiline.

Si cette phrase fut fort agréable car flatteuse, la suivante sonna plutôt comme un reproche. Certes, il ne se dévoilait pas vraiment, voire même pas du tout, mais les choses n'étaient-elles pas plus intéressantes ainsi ? Une fois encore : quel intérêt y a-t-il à apprendre tout d'une personne en posant simplement une ou plusieurs questions ? Les activités susceptibles de plaire à Warren étaient relativement limitées. En dehors des balades en pleine nature dans un endroit qui respire le calme et la sérénité, ou encore des orgies où il pourrait boire du sang à volonté, très peu d'activités convenaient au caractère atypique du vampire. Il était bien difficile sur ce point ; sur ce point, comme sur d'autres d'ailleurs, mais c'est ce qui lui permettait d'être intéressant un minimum, sans doute. Au moins, elle avait compris une chose : pas de monde là où Warren se trouve. C'était l'essentiel, là où il n'y a que peu de personnes, bien souvent il y a le calme et le silence peut s'imposer quelques instants. C'est tout ce dont il a besoin pour se plaire en un lieu. Pour ce qui était de l'aider sur ce point, il allait encore y réfléchir, mais la réponse allait sans doute être positive puisque cela visait à l'avantager. Après tout, elle ne semblait vouloir que son bien être.

La suite de ses propos eurent pour conséquence de le faire sourire, d'ailleurs elle-même se mit à sourire tout en penchant la tête. Ce simple geste eut pour effet de refroidir Warren, cependant. Son sourire disparut et son regard se reporta sur ce cou si joliment dévoilé, une fois encore. Si son corps restait de marbre, ses pensées allaient vagabonder ailleurs, et c'est avec grand plaisir qu'il s'imaginait ses crocs transpercer cette chair tendre, au niveau de la jugulaire qui devait se trouvait dans cette zone. Folle utopie cependant. Le regard de l'Infant se baissa tandis qu'un fin sourire étirait doucement ses lèvres. Ces dernières s'entrouvrirent un court instant afin de laisser passer brièvement la langue du vampire à leur surface et finalement, Warren se décida à murmurer une nouvelle fois, un peu plus faiblement encore que par le passé.

" Quel dommage que votre sang ne puisse être offert à d'autres. J'en suis profondément affligé... "

Ces paroles prononcées, le vampire se redressa et s'étira avant de pencher la tête brusquement pour qu'un craquement retentisse. Un faible soupir se fit alors entendre, et Warren se retourna vers son interlocutrice. Son sourire était de nouveau accroché à son visage et ses yeux se plaisaient une énième fois à se perdre dans ceux de sa collègue. Les toutes premières paroles de la demoiselle lui revinrent alors, elle avait parlé d'une éventuelle visite guidée s'il se souvenait bien. Bizarrement, l'Infant se montrait maintenant bien plus conciliant et il parvenait à s'exprimer un peu plus longuement qu'en tout début de conversation. Peut-être parce qu'elle ne cherchait plus à le connaître directement. A moins que ce genre de révélations soient jugées inutiles et bien peu importantes aux yeux de Warren. Avant de reprendre la parole sur le ton qui lui était naturel, il reporta toutefois son regard sur les fenêtres, profitant ainsi de l'extérieur et du paysage qui lui était offert à cet étage du bâtiment.

" En effet, vous l'avez compris, je n'aime pas la foule. Une visite guidée n'est pas de mise, je n'apprécie que très peu de lieux et je les connais déjà, toutefois... ; à son tour, le vampire marqua une pause pendant laquelle son regard se figea dans le vide et son sourire disparut derechef. Une minute fila et il demeura comme absent. C'est pourtant sans se justifier qu'il reprit la parole après avoir reporté son attention toute entière sur sa collègue ; J'avoue avoir une préférence pour les Jardins. Vous êtes ainsi éclairée, je pense. "