On ne peut qu'aspirer à la tranquillité car l'obtenir totalement est impossible [Pv Séraphine]

L'eau chaude était surement la chose dont la vampire ne pourrait se passer. Passer plus d'une heure sous la douche était courant avec elle. Ca la réchauffait un peu au milieu de cette froideur. Ses cheveux suivaient les courbes de son corps, ses longs cheveux noirs qu'elle ne pourrait se résoudre à couper. Une de ses mains frôle sa cicatrice au dessus de sa hanche gauche... Quelle idiotie... C'était trop bête vraiment... Enfin bref, c'était du passé. Des rideaux noirs opaques, s'échappaient encore quelques minces rayons du soleil couchant, éclairant encore faiblement la salle de bain dont la jeune femme ne sortirait qu'une fois la nuit tombée. Heureusement, la lune était toujours impatiente de prendre la place de l'astre solaire, elle pourrait donc sortir dans peu de temps. Quand l'eau cessa de couler, Aely couvrit son corps d'une grande serviette et prit le temps de s'essuyer, n'étant pas pressée pour une fois. Elle se vêtit simplement d'une chemise blanche et d'un jean pour le moment. Tenue inhabituelle chez elle mais cela conviendrait pour ce soir, elle n'avait pas prévu de rencontrer quelqu'un ni de sortir, sa moto étant encore chez le garagiste... On ne pouvait décidément pas compter sur l'administration quand on voulait faire les choses rapidement. Une semaine pour imprimer des papiers d'identités du véhicule...Hallucinant.
En parlant d'hallucination, la professeure comptait bien se faire plaisir ce soir. Elle sortit d'une boite d'ébène dans son armoire, une longue pipe, très fine, comme celles japonaises utilisées à l'époque nommées kiseru, y mit un peu de tabac et l'alluma après avoir prit soin d'ouvrir la fenêtre. Assise sur le rebord de cette dernière, ses yeux miroitants observaient la lune prendre de plus en plus d'ampleur et éclairer les parcs de l'imposant manoir. Peut-être irait-elle faire un tour tout à l'heure... La fumée s'échappant de ses lèvres s'évanouissait dans l'air qui se raffraichissait et sèchait ses cheveux peu à peu. La France, quel pays confortable. Elle y revenait toujours, sans faute.

Quand il ne resta plus que des cendres, la mordue les enleva et remit du tabac. Elle se saisit ensuite d'une de ses longues vestes, se chaussa et quitta sa chambre pour se rendre à la réserve des poches de sang, sans avoir omis sa fiole d'absinthe évidemment. Une fois sur place, elle se contenta d'une seule poche dont elle mélangea le contenu avec son alcool préféré pour effacer le gout amer du liquide vermeil pourtant vital. Une fois cette pénible obligation passée, elle coupa à travers le hall pour rejoindre l'extérieur et surtout les jardins où plus personne ne se trouvait à cette heure. Certes, il arrivait toujours que quelques silhouettes passent devant vous et disparaissent dans l'ombre mais c'était chose courante. On pourrait même dire qu'on ne devait pas s'en inquièter, toutefois, après les évènements récents, il fallait s'attendre à tout.
L'air vif du soir s'insinuait partout et elle aurait pu frissonner si elle n'était pas habituée à ce froid depuis des siècles. Ses pas la guidèrent silencieusement jusque l'étang calme, paisible. Pas une ride ne venait troubler la limpide surface de l'eau, où se reflètait la lune partiellement cachée par des nuages. Pendant ce qui semblait être de longues minutes, on ne put voir qu'une silhouette noire près de l'eau, parfaitement immobile. Seul le vent parvenait à mouvoir les cheveux de la créature ainsi que les pans de sa veste. Puis une flammèche, très frèle, instable avant de s'éteindre pour laisser place à une légère luminosité, à un point très furtif qui apparaissait et disparaissait à l'occasion. La veste bougea, toujours aussi silencieuse qu'un félin et alla s'appuyer contre la passerelle qui passait au dessus de l'étang. Les nuages choisirent ce moment pour cacher l'astre lunaire, plongeant tout le paysage dans l'obscurité. Et pourtant on pouvait toujours apercevoir de temps en temps cette légère lumière de braises ravivées.

Aeliclya pouvait rester ainsi des heures, à penser tout simplement, réciter un poème appris longtemps auparavant ou fumer comme elle faisait maintenant. Ses fins doigts tenaient la pipe qui ne durerait pas longtemps, n'ayant pas une très grande capacité. Et pourtant, le peu qu'elle contenait lui faisait du bien. En effet, la tabac consumé n'était pas composé de tabac seul. il était mélangé à la résine sèche du latex du pavot somnifère, autrement dit, de l'opium. Les quantités étaient trop maigres pour causer en elle de quelconques effets secondaires, d'autant plus qu'elle en consommait depuis des décennies. Tout ce qu'elle ressentait était une certaine...légèreté et si la luminosité le permettait, peut être qu'on remarquerait ses pupilles plus dilatées que la normale. Une droguée, en termes simples, voilà ce qu'elle était et ça ne lui posait aucun problème tout comme boire de l'absinthe mélanger à du laudanum à outrance. Cependant, son esprit n'occultait pas sa conscience professionnelle aussi, il s'arrangeait pour qu'elle soit toujours en état d'enseigner correctement et de ne pas paraître somnolente en cours.
C'était calme... Très calme et reposant. Les élèves ici respectaient bien le règlement pour la plupart aussi elle ne devrait pas être dérangée. Et même si quelqu'un venait, ses sens le remarqueraient avant qu'il ne la voie elle. Et ce silence... seul le plongeon d'une grenouille dans l'eau de l'étang vint le troubler. Quant au reste, seul éventuellement une légère odeur de tabac dans l'air pouvait signaler la présence d'un être vivant, ou non.

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